Chasse à courre à Folembray
Les amateurs de chasse à courre, qui assistent deux fois par semaine, aux rendez-vous donnés dans la forêt de Saint-Gobain, par l’équipage de Folembray, ont eu, jeudi, un spectacle peu banal et digne de figurer parmi les récits, qui font la joie des chasseurs et que l’on raconte complaisamment dans es journaux spéciaux.
L équipage avait,sur le coup de midi, attaqué, nous dit-on, au Rond-d’Orléans, un cerf (dix cors) qui, bientôt déhardé, se dirigea, poursuivi par la meute, vers Folembray.
Après un peu plus d’une heure de chasse, l’animal arriva au petit Pont, qu’il franchit, après quoi, d’un bond superbe, il sauta la clôture du château et se trouva dans le parc dont la magnificence parut l’étonner.
Les cerfs sont-ils curieux,eux aussi ? Leur psychologie nous échappe. Toujours est-il que la bête de chasse, tranquille et majestueuse, s’avança vers le perron qu’elle gravit et vint, de la tête, donner dans la porte d’honneur dont elle brisa quelques vitres.
De l’intérieur du château, M.le comte de Brigode avait vu la scène. Craignant avec raison que la bête ne réussit à se frayer un passage et à pénétrer dans l’immeuble, il la tint en respect au moyen d’un couteau de chasse et permit au piqueur Lamy de s’approcher du cerf et de le servir.
La curée eut lieu en face du château, en présence de nombreux curieux intéressés. De mémoire d’homme, pareil fait ne s’est produit. Ce ne sera pas le moins curieux des incidents qui composent les annales de l’équipage "Picard piqu’hardi".
Le Guetteur de Saint-Quentin, le 7 janvier 1906