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La verrerie à l’exposition de 1900



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A propos de noblesse, n’avons-nous pas dit, en parlant de l’exposition de la Verrerie do Folembray à la classe 26 (Télégraphie et Téléphonie), que M. de Brigode était, à notre connaissance, le dernier des gentils hommes verriers.
La Société de Folembray, Société en noms collectifs sous la raison sociale de Poilly de Brigode, est tombée en mains aristocratiques, la baronne de Poilly et le comte de Brigode ayant assumé les lourdes responsabilités de la direction d’une des verreries les plus importantes de France.
La Verrerie de Folembray a été fondée en 1709 par Gaspard Thévenot, bourgeois de Paris, qui possédait une « cense » assez importante au hameau du Vivier. Cette propriété se trouvait dans une situation géographique et géologique très favorable à l’industrie que maître Gaspard Thévenot voulait y implanter. Située en lisière de la basse forêt de Goucy, arrosée par un ruisseau en amont duquel un barrage naturel avait formé un étang de plusieurs hectares, la propriété en question renfermait, en outre, de forts gisements de sables glaucomeux très propices à la confection du verre à bouteille, tant à cause de la petite proportion de potasse qu’ils contenaient qu’à celle de l’oxyde de fer qui s’y trouvait en dépôt. La foret de Goucy qui faisait partie, à celte époque, des domaines du duc d’Orléans, pouvait fournir le bois nécessaire pour la fusion. Sous tous les rapports la Verrerie du Vivier se trouvait donc aussi favorablement placée que celles de l’Argon ne ou celle de Saint Gobain.
Aussi le succès fut-il assez rapide pour que dès 1717, Gaspard Thévenot limite d’abord a la seule fabrication des « bouteilles et carafons à la mode d’Angleterre » fut autorisé, par un nouveau brevet, à fabriquer « toutes autres sortes d’ouvrages en verre ». C’est à cette époque qu’il mot dans le commerce sous le nom de Thévenote ces bouteilles dont le type conservé à la verrerie, a été repris par MM. Legrand, de Fécamp, pour une liqueur connue sous le nom de Bénédictine.
En 1729, por suite du décès de son fondateur, la verrerie fut cédée par la veuve de Thévenot, au fils d’un de ses premiers ou vriers, Guillaume Férot, qui prit pour associé, en 1760, le sieur do Saint-Mars, conseiller du roi et contrôleur des rentes à l’Hôtel de Ville de Paris. Trois ans plus tard, Michel Saint-Martin do Valcourt, gendre de Saint-Mars, racheta à Foret et à son ayant-droit l’établissement du Vivier moyen nant 100.000 livres.
Voilà des débuts bien pittoresques.
Sur ces entrefaites, on en jugera par les chiffres, la réputation de la verrerie s’était assez étendue et maintenue pour qu’en 1780, Bosc d’Antic écrivit : « Je ne connais en France que trois verreries où l’on fasse de bonnes bouteilles : Folembray, dans la forêt de Goucy, Anor dans le Hainaut français et Sèvres, près de Paris ». On fabriquait alors, à Folembray, 600.000 bouteilles par an.
La Verrerie appartint pendant la période révolutionnaire à M. Tronson, gendre doM. Saint-Martin de Valcourt, puis à Mme de Monlizeaux, née Tronson de Valcourt, dont la fille, Julie de Monlizeaux, épousa le baron de Poilly, beau-père do la co-propriétaire actuelle.
Dans la seconde partie des cent dernières années ou, plus exactement depuis 1860, les développements de Vinduslrie verrière ont nécessité de nombreuses transformations.
Le temps est bien loin où do modestes charrettes venaient prendre livraison de quelques centaines de bouteilles pour les transporter péniblement à Reims ou à Epernay. L’emploi do la houille se substituant au bois, avait fait surgir, à côté des mines, un grand nombre do verreries. D’autres, s’étaient placées à proximité de grands centres de consommation, sur les voies fluviales ou ferrées.
A Folembray, on s’occupa tout d’abord à remplacer les primitifs foyers au bois par ’"de nouveaux dispositifs appropriés au nouveau combustible, puis à relier la Verrerie au canal de Saint Quentin par un chemin de fer, avec double raccordement de la gare de Chauny au port sur le canal d’une part, et de la gare do Folembray à l’usine et à ses magasins, d’autre part.
Les conditions économiques de transport ainsi réalisées, Folembray devait encore compter avec les concurrences multiples que sa position avantageuse avait favorisées. Car, quoique située sur la ligne du chemin de fer de Chauny à Laon et sur la route nationale de Béthune à GhùteauThierry, la verrerie de Folembrav se trouvait rien moins que favorisée. Sur le chapitre des moyens de communications.
Folembray avait acquis, sur la place de Cognac une clientèle de premier ordre, elle tenait à la conserver, tout en donnant satisfaction aux grands négociants champenois ! C’est alors que furent décidés et réalisés de grands travaux de transformation ayant pour objet de substituer aux anciens fours à pots les fours à gaz à travail continu.
Entre temps, les procédés de moulage à moule ou ver t avaient fait place aux nouveaux types à moules fermés.
Par suite de ces travaux poursuivis sans relâche pendant une période de quarante années, la verrerie de Folembray a augmenté considérablement son rendement. Il y a cent ans elle fabriquait annuellement 600.000 bouteilles ; actuellement elle se trouve en mesure d’en livrer 12 ou 14 millions !
Quant à l’excellence des produits, l’installation de la verrerie de Folembray, supérieurement présentée nous en donne une idée tout à fait complète. Nous voyons-la, à côté des bouteilles à champagne bien connues, les beaux verres fabriqués spécialement pour les distilleries de Cognac. Voici encore une bouteille à liqueur pour Frichambaud frères, de Bordeaux, une bouteille pour Bitter des Basques. t Enfin, trônant a la place d’honneur, un exemplaire de la fameuse Thévenote, la bouteille pansue et monacale à l’usage de la Bénédictine, soufflée impeccablement, brillante, pimpante, prête à recevoir, avec l’exquise liqueur, la capsule de parchemin et son scel de cire rouge.

Jehan Molinet, Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, le 3 janvier 1901


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Le Journal de la ville de Saint-Quentin, le 3 janvier 1901