Drame intime à Folembray
Un drame intime a mis en émoi Folembray, lundi dernier. Alors que la population était toute à la joie puis qu’elle célébrait la fête patronale, le bruit courait que la dame Gibet venait de tirer un coud de revolver sur son mari et qu’elle l’avait probablement frappé a mort.
Voici comment les faits sa sont passes : Dimanche, la dame Gibet, domestique à la ferme de Grasne et qui vit séparée de son mari, un individu de 37 à 38 ans, ancien valet de chiens au château de Folembray, était venue dans sa commune natale, où elle devait être marraine. Gibet et sa femme s’étaient rencontrées et déjà une altercation s’était élevée entre eux.
Lundi, le baptême ayant lieu, la dame Gibet et son frère faisaient la distribution des dragées à leurs amis lorsque vers trois heures et demie, ils rentrèrent au domicile de leur mère, Mme Bianjou, dite Jacquou, qui, elle, se trouvait dans le voisinage. La première personne qu’ils aperçurent dans ia maison ce fut Gibet. Celui-ci était passé dans le jardin, avait cassé le carreau d’une fenêtre et cherchait un matelas qu’il prétendait lui appartenir.
Une dispute s’éleva. Gibet menaça son beau frère et sa femme et celle-ci s’armant d’un revolver, et fit feu à bout portant sur son mari. Gibet fut atteint à l’arcade sourcilière droite et la balle filant entre l’œil et la paroi qui le contient se logea dans sa tête.
Effrayee de ce qu’elle venait de faire, la dame Gibet courut raconter les faits au garde, M. Bueb et revint avec lui chez Mme Bianjou. Le garde trouva Gibet qui n’avait pas perdu connaissance, occupé a laver le sang qui coulait de sa blessure, le fit reconduire ohez Mme Gibet mère, informa le maire et l’adjoint qui, à leur tour, prévinrent les gendarmes de Goucy.
Gibet a été soigné par M. le docteur Amiart et celui-ci craint que le blessé ne perde l’œil. Le blessé est mal considéré dans le bourg. Il passe pour un paresseux et pour se faire nourrir par sa mère, qui vit elle-même bien difficilement. On nous dit, au surplus, que Gibet est allé à diverses reprises à la ferme de Grasne, où travaille sa femme pour la menacer de lui faire son affaire.
La gendarmerie de Coucy est venue à Folembray pour y faire son enquête.
l’Indépendant rémois, le 3 août 1901