Centre de vacances
Le centre de vacances de Folembray pour les enfants nécessiteux vient d’être inauguré Une des réussites les plus réconfortantes que la misère ait jamais inspirées à la bienfaisance est certainement la Vie su grand air pour l’enfance malheureuse. Cette institution qui décida tout récemment, et non sans quelque opportunité, de s’appeler conformément à la mode des abréviations la V. A. G-. A a pour objet de venir en aide à un certain nombre de familles nécessiteuses en les allégeant, au moins pendant quelque temps, chaque année, du soin de nourrir et d’éduquer leur enfants. Mme Victor Boucher préside effectivement cette œuvre à laquelle elle prodigue le meilleur de son cœur, un dévouement inépuisable et des trésors d’humaine tendresse.
Tout d’abord, la méthode adaptée fut celle du placement à la campagne chez l’habitant. Au tond de verdoyantes régions de la Normandie, par exemple à Saint-Ouen-de-Thourbeville, à Caumont, à la Bouille, des familles choisies parmi les plus dignes, les plus irréprochables, reçoivent qui qui deux gosses pour un séjour de deux, trois ou quatre mois. Dans l’espace exigu et souvent surpeuplé, du logement natal, ces frêles existences n’avaient jamais connu les bienfaits d’un air abondant. Leurs jeux étaient le plus souvent tout de suite bornés par les murailles grises de la rue. Depuis juillet plusieurs centaines de garçonnets et de fillettes, parmi lesquels figurent en majorité des très franchement malmenés par le sort, mais aussi des enfants que leurs parents n’ont pas le loisir d’accompagner en vacances, ont goutté, par les soins de la V. A. G. A., dans des foyers honorables, les avantages conjugue d’une bonne hygiène, d’une alimentation excellente, surveillé de très près l’une et l’autre par des médecins et des visiteuses, et d’une vie de famille.
Cette formula cependant parut à Mme Victor Bouger et à ses collaborateurs devoir être complétée. On envisage la création d’un centre collectif où pussent fonctionner certains procédés d’éducation la gymnastique d’ensemble, les chœurs, que ne permet la dispersion des enfants.
Dans l’Aisne, à Folembray, à côté de Chauny, il existe, à côté d’une verrerie ou les machines remplacèrent la main-d’œuvre, un bâtiment singulièrement vaste et commode qu’un maître-verrier fit, il y a quelques années édifié pour héberger les tout jeunes ouvrières qu’il employait. Il n’y a plus aujourd’hui da petits Bretons qui soufflent le verre. Mais la maison demeure qui leur était destinée. On l’aménagea pour abriter, dans les plus souhaitables conditions de confort, une centaine des petits protégés de Mme Victor Boucher. L’établissement Fonctionne à plein depuis octobre dernier. La nourriture est succulente et, dans les dortoirs au beau carrelage rouge, les lits invitent au plus calme des sommeils. Un parc aux magnifiques arbres, dont les troncs, frappés jadis d’éclaté d’obus, sont tachetés de noir par les pansements de goudron, offre aux jeunes vivacité » de larges pelouses. Une femme de cœur, Mlle Eredin, assistée d’infirmière qualifiées, dirige ce généreux établissement lequel fut hier inaugure.
Gracieuse solennité !... Mme Victor Boucher entourée de maintes personalités, parmi lesquelles M. Martin, directeur de l’hygiène du département de l’Aisne, plusieurs médecins et plusieurs professeurs embrassa sur les deux jeune une petite fille qui, après avoir gentiment défilé et chante avec ses camarades, lui offrait une belle gerbe de fleurs du parc. Et l’on ne savait guère laquelle, de la présidente et de la petiote, était la plus émue.
Jacques Audibert, Le Petit Parisien, le 12 juin 1936