La charnière de l’Aisne
C’est ici la charnière du front de l’Aisne. Elle se situe à Coucy, dont les remparts, en quelque sorte écorchés, aperçus de Folembray, nous avaient semblé une grande falaise blanche dans ce paysage qui fut magnifique.
La nature a triomphé, parfois, de la stupide barbarie allemande, et des arbres mutilés se sont pourtant couverts de feuilles.
Les ruines des ruines. On a dit le tableau d’incroyable dévastation que présente l’amoncellement de pierres écroulées de ce qui fut le donjon, miné par trente mille kilogrammes d’explosifs. De sa forme, rien ne subsiste, et il n’offre plus que l’aspect d’une vaste carrière. Seule, la porte de la première enceinte est restée debout. Nous revoyons, par la pensée, dans le pavillon qu’il habitait, le gardien d’autrefois, un Méridional à l’accent prononcé, un peu perdu dans le Nord, et qui, extrêmement loquace, faisait volontiers aux touristes ses doléances sur son exil. Que garderait-il, aujourd’hui ? Des tirs de régalage de l’ennemi émiettent encore ces pierres qui ne sont plus que chaos.
Le Petit Parisien, le 28 juin 1917