Folembray et Coucy-la_Bataille
Ici, on s’est battu. Coucy-le-Château sera plus tard Coucy-la-Bataille. Le communiqué du 27 mars porte ces mots qui marquent la place de Coucy dans l’histoire de, la guerre : « Au cours d’une attaque au sud de la forêt, nos troupes ont enlevé brillamment le village de Coucy-le-Château énergiquement défendu par les Allemands. »
En descendant la pente qui mène à la route de Folembray, on trouve une ferme qui fut sans doute celle des dernières grenades. La cour est morne comme un vieux décor de drame ; des débris de carriole, des murs troués par les projectiles attestent la violence du combat qu’y soutinrent des arrière-gardes imprudemment attardées. Le sol est semé de manches en bois terminés par un pas de vis auquel s’attachaient des boites à mitrailles. Elles sont là, ces grenades, rangées sur un banc de pierre ; elles affectent l’innocent aspect de boîtes de conserves, mais un écriteau prévient charitablement les poilus que quiconque touche à ces engins risque de perdre à jamais le goût du « singe ».
La bataille continue ; de temps à autre, le « départ » d’un coup de canon nous donne une gifle, car nos batteries sont voisines, ou bien c’est un "fusant" boche qui éclate dans le ciel clair et attache sur l’azur un chiffon de crêpe, comme pour mettre une tache, de deuil dans le sourire du renouveau.
Pierre Dionne, La Lanterne, le 10 avril 1917